Cette campagne présidentielle ressemblera-t-elle aux autres ?
Ce qui est certain, c’est que cette campagne ne ressemblera à aucune des précédentes sous la 5ème République. Elle est déjà, et le sera encore plus dans les semaines à venir, confrontée à la guerre et l’invasion que la Russie livre à l’Ukraine.
La campagne présidentielle aurait dû être dominée par quatre thèmes, par ordre :
Pouvoir d’achat
Environnement
Sécurité
Immigration
Ces quatre thèmes resteront, mais les priorités s’inversent déjà.
Premier point, la sécurité. Alors que nous avions l’esprit tourné vers une forme de sécurité intérieure, c’est à une sécurité extérieure que nous allons devoir faire face.
La guerre déclenchée par la Russie nous oblige, français et européens, à repenser le format d’Europe puissance économique qui était défendu par nombre de pays européens, pour passer à un vrai format D’Europe Puissance.
Outre l’économie, cette Europe puissance devra s’élargir vers une Europe de la diplomatie et une l’Europe de la défense avec ses deux vecteurs, commandements intégrés et industrie européenne de la défense car, ne nous y trompons pas, hors OTAN, les américains n’interviendrons pas sur le sol européen, mais ferons tout pour rester le fournisseur d’armements avec les contraintes qu’il en coûte.
A cet égard, la conversion de l’Allemagne est symptomatique et une semaine de guerre en Ukraine, lui aura fait voler en éclats le dogme établit depuis la fin de la seconde guerre mondiale, sur ses exportations d’armes envers un pays en guerre, et le doublement du pourcentage de son PIB (de 1 à 2 %) pour ses crédits militaires.
Second point, le pouvoir d’achat, déjà sérieusement entamé avec l’inflation engendrée par le rebond de croissance après COVID, sera impacté par notre dépendance à certains secteurs, soumis aux aléas de la guerre russe en Ukraine, principalement énergie et céréales.
La campagne du président-candidat devra en conséquence faire débat sur les thèmes de la souveraineté alimentaire et énergétique.
Troisième point, l’environnement. Il y a encore quelques semaines, les thèmes porteurs tournaient, à juste titre, autour du réchauffement climatique. La guerre Entre la Russie et l’Ukraine a servi, pour un grand nombre de français et d’européens, de révélateur vis-à-vis de notre dépendance au gaz et au pétrole russe.
Le président-candidat devra repenser la politique énergétique de la France avec, dans un premier temps une diversification géographique de nos approvisionnements en pétrole et gaz avec, à dix ans, un objectif de mix énergétique essentiellement basé sur les énergies renouvelables et le nucléaire, pour lequel, au-delà de ce qui a déjà était annoncé, de forts investissements seront nécessaires.
Sur l’immigration, l’essentiel du débat national portait sur une immigration nord-africaine et subsaharienne, avec une opinion française, bien que travaillée par les partis d’extrême droite, réservée sur le sujet. Là aussi la guerre en Ukraine, avec son cortège de centaines de milliers de réfugiés sur les territoires européens a changé la donne, si l’on en croit l’élan avec lequel, français et européens se disent disponibles pour accueillir ces réfugiés fuyant l’Ukraine.
La campagne électorale, quelque soient les candidat(e)s devra se confronter à ces réalités.
Jean-Yves Tréguer
Délégué Départemental du MoDem